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Bebas Maon est une installation présentée dans le cadre de mon projet de diplôme en juin 2024. Prenant place dans le Grand Hall de l’école des Beaux-arts de Toulon, l’installation s’articule à deux autres propositions menant à la salle de conférence de l’école. Dans le Hall, Bebas Maon constitue un périmètre rhizomatique en expansion : un folklore interconnecté composé d’agents imbriqués les uns aux autres qui agissent comme des strates superposées. On rencontre dans ces lieux des ensembles qui utilisent les accents matériologiques et les variétés des connotations pour hameçonner notre curiosité intime, nos liens sensibles aux éléments quotidiens qui se retrouvent ici re-contextualisés. Parmi la diversité de gestes et de lexiques qui se déploient dans l’installation, des tracés au sol (la Substance Causale) génèrent des vecteurs directionnels qui nous emmènent à la découvertes de carrefours sémiologiques. Ces balisent provoquent ainsi une récolte indicielle, allant de sculptures aux matériaux partagés (la série Fables) aux Autels de Poches-Sans-Fonds qui invoquent des contextes d’installations révolues, en passant par les Chunks : des parcelles de composition structurées comme des systèmes de classements à l’aide de matériel expographique emprunté. Je propose alors d’interpréter les codes et d’expérimenter ce que ces différents ensembles produisent en nous pour amorcer une chaîne de découvertes. Sous la forme d’un récit fait de fragments, de souvenirs et d’extraits d’un ailleurs pourtant proche, Bebas Maon relate l’expérience d’un peuple des choses : des communautés d'objets qui coexistent avec leurs particularités, héritées du quotidien mais réactivées dans cette capsule intemporelle. Comme une constellation en réagencement permanent.
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Bebas Maon is an installation presented as part of my diploma project in June 2024. Taking place in the Grand Hall of the École des Beaux-arts de Toulon, the installation is linked to two other proposals leading to the school's lecture hall. In the Hall, Bebas Maon creates an expanding rhizomatic perimeter: an interconnected folklore made up of interlocking agents that act like superimposed strata. In these places we encounter ensembles that use material accents and a variety of connotations to hook our intimate curiosity, our sensitive links to everyday elements that find themselves re-contextualised here. Among the diversity of gestures and lexicons deployed in the installation, tracings on the floor (the Causal Substance) generate directional vectors that lead us to discover semiological crossroads. These markers provoke an indexical harvest, ranging from shared-material sculptures (the Fables series) to the Autels de Poches-Sans-Fonds, which invoke the contexts of bygone installations, via the Chunks: compositional parcels structured like filing systems using borrowed expographic material. I then propose to interpret the codes and experiment with what these different ensembles produce in us, in order to initiate a chain of discoveries. In the form of a narrative made up of fragments, memories and extracts from an elsewhere that is nonetheless close at hand, Bebas Maon relates the experience of a people of things: communities of objects that coexist with their own particularities, inherited from everyday life but reactivated in this timeless capsule. Like a constellation in permanent rearrangement.














































































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Du Hall accueillant un peuple des choses, nous faisons face, à l’entrée dans la salle de conférence, à un unique tableau. Le H.U.B (Holistic Ursulian Board) se détache du reste de la salle plongée dans l’ombre. L’œuvre est organisée comme un dispositif modulaire constitué d’un pan de cimaise récupéré et organisé comme zone de plaçage. Différentes accroches et étagères s’entremêlent à des accents visuels - luminaires, écrans et dessins - suivant le tracé d’émanations qui évoluent à la surface visible du contreplaqué. Dans cette structure autonome à l’allure de stèle dressée au milieu du néant, je questionne à la fois la hiérarchie inévitable d’une classification mais aussi la superposition et l’hybridation d’archives accumulées. La diversité des éléments documentaires permet à des réflexes et positionnements sur la valeur de la collecte de se dévoiler. Des captures d’écrans de ma galerie de téléphone aux poèmes et notes vocales qui partagent des pensées intimes, le dispositif de vidéos qui inter-réagissent devient une sorte de manifeste. La façon de structurer des indices hétéroclites au sein d’un même plan frontal découle de la notion de no-clip. Issu du vocabulaire vidéoludique, le terme désigne une mécanique de conception du monde arpenté. Dans un jeu, les textures et informations visuelles dans le dos du/de la joueur.euse ne sont jamais affichées, ainsi le moteur graphique est allégé de calculs superflus. Il est alors amusant de constater que malgré le chemin parcouru s’effaçant derrière soi, les collectibles récupérés subsistent et rappellent les endroits traversés. H.U.B met ainsi en valeur ce non-vu en choisissant de laisser brut le dos de la cimaise. On constate ainsi les stigmates de ses utilisations antérieures et les organes qui alimentent les flux d’informations parcourant l’ensemble.
~{EN}~
From the Hall welcoming a people of things, as we enter the conference room, we are faced with a single tableau. The H.U.B (Holistic Ursulian Board) stands out from the rest of the room, which is plunged into shadow. The work is organised as a modular device made up of a section of the picture rail that has been salvaged and organised as a placement area. Various hooks and shelves intermingle with visual accents - lights, screens and drawings - following the path of emanations that evolve on the visible surface of the plywood. In this autonomous structure, which looks like a stele standing in the middle of nowhere, I question both the inevitable hierarchy of classification and the superimposition and hybridisation of accumulated archives. The diversity of documentary elements reveals reflexes and positions on the value of collecting. From screenshots of my phone gallery to poems and voice notes sharing intimate thoughts, the device of inter-reacting videos becomes a kind of manifesto. The way in which heterogeneous clues are structured within a single frontal shot stems from the notion of no-clip. Derived from videogame vocabulary, the term refers to the way in which the world is designed. In a game, textures and visual information behind the player's back are never displayed, so the graphics engine is relieved of superfluous calculations. It's amusing to note that, despite the path you've travelled fading behind you, the collectibles you've collected remain, reminding you of the places you've visited. H.U.B brings out the unseen by leaving the back of the picture rail bare. In this way, we can see the stigmata of its previous uses, and the organs that feed the flow of information that runs through the whole.





