Je suis un jeune artiste cueilleur. Dans mes recherches, je m’intéresse aux connotations qui émanent des matériaux du quotidien. Les signes et les formes qui construisent leur sens me permettent de générer des récits au travers d’une diversité de techniques. J’élabore des gestes impliquant des processus de récoltes, des dispositifs qui interrogent les notions de classements et de hiérarchies de la matière, ainsi que des systèmes de narrations collaboratives. Ceux-ci structurent des compositions, des installations évolutives et modulaires qui intègrent ce que j’ai mis dans mon panier au cours de mes arpentages. Mes agencements dans l’espace se complètent par la présence de documentations et d’analyses poétiques. Textes, créations vidéos et compositions sonores s’articulent dans ces rencontres entre récit commun et lectures sensibles. Félicité des Beaux Arts de Toulon en 2024, je suis né en 2000 et je réside à proximité de Marseille. J’ai participé à La Relève 7, à Marseille, en janvier 2025. J’ai également été sélectionné pour la Biennale des commencements de Mulhouse 025, qui se déroulera en juin 2025, ainsi que pour Art Émergence, organisé par Artagon à Romainville, en septembre de cette même année.

J’aime explorer ce qui donne du sens à l’objet que nous utilisons mais aussi à l’espace qui nous entoure. Les aspects symboliques et sémiologiques présents dans les choses avec lesquelles nous interagissons quotidiennement permettent une souplesse interprétative. C’est l’une des prérogatives premières de la fiction que d’extrapoler les qualités de ces éléments du réel pour en faire émerger un brin de rêve qui nous ramène à notre condition humaine. Ce constat m’a frappé, c’est pourquoi mes recherches se focalisent sur la notion de subjectivité singulière telle que développée par G. Agamben, au travers de questionnements d’ordre sociologiques, anthropologiques et ontologiques qui se déploient en filigrane dans mes expérimentations. Le vu est un potentiel à imaginer, c’est donc en explorant les manières d’interagir avec celui-ci et d’en traduire une connaissance intime, que je mets en place des systèmes spéculatifs. Ceux-ci mobilisent ainsi une perception toute personnelle d’une histoire culturelle et nous poussent à questionner nos appartenances multiples à ce monde.

Mon travail est sous-tendu par deux questions : que récolter et comment ? Dans une volonté de faire valoir les fragments qui nous entourent en tant que passeurs de messages contemporains, je compile et partage mes observations de ces agents imbriqués (E. Coccia) pour dévoiler un dialogue second avec ce qui existe autour de soi. Nos singularités et les spectres variés des identités qui nous construisent déterminent différents cadrages, comme des outils puissants pour mettre en exergue la perméabilité de nos individualités. J’imagine ainsi des enquêtes du quotidien qui mettent en perspective quantité de regards divergents. Joignant moments d’errances et de retour au foyer, mes recherches établissent une passerelle entre réappropriation du chez-soi et plongée vers l’inconnu, comme une opacité régénérative.

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