Avril/April 2025

" Vulnerable Objectivities in a garden of delights and horrors "
curated by Lorraine de Thibault, Erika & Dragos Olea
april 2025 - april 2026 / Brussels
Artists: Alan Hernandez, Angel Delgado, Antoni Muntadas, Artan Hajrullahu, AVANTGARDO, Daniel Garcia Andujar, Denilson Baniwa, Edward and Nancy Kienholz, Edward Lipski, Elmgreen & Dragset, Erin M Riley, Eugenia H Avila, Gilian Wearing, Grayson Perry, Jasleen Kaur, Joao Motta Guedes, Jonathan Vásquez, Kris Lemsalu, Lizzie Fitch and Ryan Trecartin, Mercedes Azpilicueta, Nalini Malani, Nikki S Lee, Patricia Kaersenhout, Pepon Osorio, Robert Mapplethorpe, Sandra Gamarra, Shuvinai Ashoona, SLAVS and TATARS, Sophie Al-Maria, Tiona Nekkia McClodden, Titouan Makeeff and many more!
The Loft is the exhibition space of the Family Servais Collection,
located 10 rue des Ailes, 1030 Brussels, Belgium.
The visit is free of charge.
Janvier/January 2025

"Deneb-Vega-Tarazed" - Exposition collective "La Relève 7 : Notre part belle",
dans le cadre du Festival Parallèle 15, Marseille, janvier 2025
dans le cadre du Festival Parallèle 15, Marseille, janvier 2025
Foisonnants et habités par une esthétique technologique / biopunk, les environnements et les sculptures de Titouan Makeeff installent immanquablement dans l'espace une atmosphère étrange au sein de laquelle des histoires semblent pulluler. Ses œuvres composites s'élaborent à partir de collectes et de recompositions d'objets ou d'images. Elles s'interconnectent pour déployer un réseau de récits possibles. Dans son processus de création, l'artiste s'attache aux signes de son quotidien et aux objets qui le relient au monde et qu'il transforme. Talisman, artefact chamanique... Il agence un univers dans lequel la magie et le rituel peuvent advenir pour s'opposer à la trivialité du réel. Deneb-Vega-Tarazed (du nom des trois étoiles illuminant le ciel du 7 aout 2024) est une « interprétation sensible » d'une expérience de connexion fugace, quand, assis sur un banc par une nuit d'été, et écoutant de la musique, l'artiste s'est retrouvé presque malgré lui à observer les étoiles. Composée de Fables, « agencement de matériaux ayant traversé différentes expérimentations », et de Logs, petits écrans qui accueillent des textes descriptifs, l'installation propose ce que l'artiste nomme « une réflexion sur la causalité », relecture personnelle et intuitive d'un événement paradoxalement banal et fantastique.
© Guillaume Mansart, 2025
Août/August 2024

Séléction Prix DEJA 2024 - Paréidolie, Salon du dessin contemporain, Marseille
© photographie Jean-Christophe Lett
Juin/June 2024

Neutrubi Onis - Le Vase d'Aeriin
Mémoire de fin d'études, DNSEP 2024 ©Titouan Makeeff
Janvier/January 2024
" En ces silences où les choses s’abandonnent "
Nullius in verba [sur la parole de personne]. En 1660, avec cette phrase empruntée à Horace, l’ère scientifique est inaugurée. Marquant une rupture avec l’approche aristotélicienne fondée sur des vérités acceptées, la naissance de la Royal Society venait poser l’attention sur les processus expérimentaux produisant de la connaissance et, de ce fait, faisait de l’expérience un processus créatif à part entière. Génératrice de connaissances (Shapin, Schaffer, 1985), de nouveaux phénomènes (Hacking, 1983), de transformations (Latour, 1999), l’expérimentation impliquait, hier comme aujourd’hui, la production systématique de nouveauté (Pickstone, 2000). En un mot, elle rendait visible l’invisible.
Quels que soient les jeux multiples de cette mise à nu du processus, il était urgent à l’époque d’appréhender l’idée naissante d’expérimentation par le biais de la notion de transparence sous-jacente à l’action de donner à voir. Mais si à l’ère des Lumières, la méthode scientifique fournissait un moyen fiable de connaître la vérité, aujourd’hui, où l’altérité est l’une des conséquences de la crise de la représentation, cette même méthode se retrouve mise en discussion par l’hybridation de ses procédés (Novalis, 1797). Des médias non textuels fournissent aujourd’hui les instruments pour produire de nouvelles connaissances et d’autres discours, à travers une forme de syntaxe affective qui se définit par l’expérimentation de l’assemblage. Ainsi, bien que l’on revienne à l’idée de geste empirique qui rend visible ce qui est autrement invisible, dans l’actualité de la création artistique, ces gestes expérimentaux mobilisent des processus qui relèvent plutôt de l’alchimie et de la découverte d’altérités perturbantes, de rencontres fortuites, de négociations statutaires, de résultats inattendus, qui donnent une forme à l’esprit.
Tales of Carbanion, le geste créatif (plastique et expographique) mené par Alexia Croset, Arthur Guy-Paul, Fanny Jarnot et Titouan Makeeff s’inscrit dans cette mouvance, étant un moment de génération du possible plutôt que de reproduction de connaissances. Ici, le geste devient un vecteur d’interférences (Latour, Weibel, 2008) où l’assemblage retrouve toute sa dimension créative et le geste son immédiateté productive. En explorant l’affinité élective (la syntaxe affective) qui surgit de l’enchaînement et des transitions entre des éléments activés et animés par des statuts éphémères et hybrides, Tales of Carbanion évoque le « retour à l’objet » actuel, où la contextualisation de l’information et l’interprétation anecdotique sont suspendues. Dans les deux gestes qui composent l’exposition, l’on retrouve ainsi la question de la poétique de l’assemblage qui ne nie pas son ancrage plastique, mais se libère en revanche de toute dimension objectale. Ici, le geste devient un rite et l’assemblage un signe possible, un archétype qui est à tous et à personne. Ainsi, des formes se composent le temps d’une pensée, se recomposent le temps d’un déplacement (de la bibliothèque d’objets à l’espace de l’expérience), se suivent, s’ancrent les uns aux autres dans une temporalité suspendue, où les éléments et les matériaux s’abandonnent à des identités liquides.
« Que se passe-t-il si je fais cela ? » Alors que les quatre jeunes artistes impliqués dans le développement du geste créatif ont généré une arène pour expérimenter la création de connaissances autres, fluides, la jouissance de ce même geste s’est réalisée par navigation, forme d’exploration libre à l’intérieur d’un environnement habité par des connaissances visuelles, non textuelles, qui ont fait surgir une différence « qui a fait la différence ».
[…] Le regard fouille tout autour,
l’esprit enquête accorde sépare
dans le parfum qui se répand
à mesure que le jour languit.
Vois-tu,
en ces silences où les choses s’abandonnent et semblent près de trahir leur ultime secret, parfois on s’attend
à découvrir un défaut de la nature,
le point mort du monde,
le chaînon qui ne tient pas,
le fil à démêler qui enfin nous conduise
au centre d’une vérité.
(Eugenio Montale, Les citrons, 1921)
l’esprit enquête accorde sépare
dans le parfum qui se répand
à mesure que le jour languit.
Vois-tu,
en ces silences où les choses s’abandonnent et semblent près de trahir leur ultime secret, parfois on s’attend
à découvrir un défaut de la nature,
le point mort du monde,
le chaînon qui ne tient pas,
le fil à démêler qui enfin nous conduise
au centre d’une vérité.
(Eugenio Montale, Les citrons, 1921)
© Pamela Bianchi, 2024, Texte sur l'exposition collective Tales of Carbanion